Tcherno-Ricard

Dans le centre-ville de Sarlat, le jaune siroté en terrasse vire au marron fluo. Normal : l’éclairage public de la cité périgourdine est presque aussi radioactif que les selles d’un sous-marinier russe.

Sarlat est une charmante bourgade du Périgord noir dont on a pu découvrir l’authenticité pierreuse dans de nombreux films en costumes. Ici, tout n’est que calme, centre-ville restauré et volupté. On compte dans la place un festival de théâtre et de nombreuses masures plusieurs fois centenaires, ainsi que de girondes périgourdines aux joues rouges.

Ricard fluo

Tout serait parfait sans ces curieuses manifestations physico-chimiques qui, le soir venu, plombent l’ambiance du centre-ville. Dans ce petit paradis pour hollandais en vacances, à la nuit tombée, le magret consommé en terrasse à tendance à fondre plus vite que dans les villages avoisinant, la patate sautée transpire au-delà de la normale et le Ricard devient fluo (on exagère un peu, certes).

Aspirateur haute filtration

La raison de ces dérèglements ? L’éclairage public à l’oxyde de thorium 232. Depuis dix ans, Sarlat s’est en effet doté de 150 lanternes d’avant-garde fabriquées en Allemagne et utilisant pour fonctionner un produit radio-actif que les agents EDF ne manipulent qu’équipés de masques filtrants, de gants et d’aspirateurs à haute filtration.

Poussière radioactive

On les comprend volontiers : lorsque les lanternes vieillissent, une poussière de thorium se forme à l’intérieur dont l’inhalation fait courir des dangers comparables à ceux du plutonium. C’est ce que confirme un rapport produit par l’Algade en 1997 et cité dans une édition du journal Sud-Ouest :  » Les activités massiques mesurées dans ces manchons imprégnés d’oxyde de thorium ont montré des niveaux supérieurs à 500 Bq/g (becquerel par gramme) et nous devrons donc considérer ces produits comme radio-actifs au sein des réglementations actuelles et futures.  »

Simplement irradié

Même si EDF/GDF, qui gère ces lanternes du XXIème siècle, affirme qu’il n’y a aucun danger, on est quand même en droit de se poser quelques questions. Si vous revenez de vos vacances complètement chauve et avec des ongles en moins, ne mettez systématiquement en cause la qualité du foie gras : peut-être avez-vous été simplement irradié au thorium.

Oh, les beaux bolets !

Afin d’éviter cette destination danger, Technikart vous conseille la visite des sites préhistoriques qui pullulent aux alentours de Sarlat ou bien encore les nombreux châteaux qui poussent dans le Périgord aussi spontanément que des bolets en automne.

Plongée à la Hague

Conclusion : méfions-nous des décors authentiques et osons des aventures estivales plus radicalement post-modernes.Tiens, pourquoi pas un stage de kayak dans les eaux de refroidissement de la centrale nucléaire de Creys-Malville ou une semaine d’initiation à la plongée du côté de la Hague ?